UNE NOUVELLE FORME DE DÉPENDANCE ? Même si les plateformes numériques ont un caractère addictif, il n est pas scientifiquement possible de les comparer avec des substances toxicomanogènes (qui entraînent une toxicomanie). « Une addiction entraîne une situation de manque intense, provoquée par l absence du produit recherché », introduit Jean-Pol Tassin, neurobiologiste à l INSERM. « Il faut la différencier des troubles du comportement liés au numérique, pour lesquels la souffrance n est pas du même ordre ». Pourtant, les effets du numérique ont certains points communs avec ceux des substances addictives. « Dès lors qu il y a isolement, détérioration des relations sociales, professionnelles, apparition de troubles du sommeil ou surexcitation liée à des activités répétitives, on peut parler d addiction ». Toutefois, les contours de cette nouvelle forme de dépendance restent flous. « Si l on peut modéliser le mécanisme d action des substances toxicomanogènes sur le cerveau, il est encore impossible d en faire autant pour celui des plateformes numériques, et donc d affirmer s ils sont identiques. On sait par contre qu il est plus courant de développer une dépendance au numérique lorsqu on a déjà un terrain addictif. Si les neurotransmetteurs ont déjà été altérés par la consommation d une substance toxicomanogène, ils sont plus fragiles et plus sensibles ». Même sans terrain addictif, l attachement aux outils numériques peut aussi se matérialiser par des comportements courants : dépendre du GPS de son smartphone ou d un jeu mobile. Pour éviter de trop s y appuyer, il est fortement conseillé de pratiquer des activités qui stimulent le fonctionnement non automatique du cerveau : apprendre une nouvelle langue, faire de la musique, travailler sa mémoire, découvrir des paysages naturels, etc.
Jean-Pol Tassin Neurobiologiste à l INSERM
Dépendance numérique :
les chiffres 1 Français sur 3 se déclare dépendant aux écrans
Un adulte passe en moyenne 56 heures par semaine devant les écrans
60 % des interrogés se disent incapables de passer une journée sans téléphone
61 % des interrogés regardent leur téléphone ou tablette dès le réveil
81 % des jeunes consultent un mobile ou une tablette pendant qu ils regardent déjà un film
(Selon une étude Elabe)
Soit 20h par semaine dans le cadre professionnel et 36h par semaine pour son temps libre
(Selon une enquête menée pour NordVPN)
Utilisés à bon escient, les outils digitaux n entraînent pas de risques majeurs pour la santé. Ils peuvent même devenir de très bons alliés pour faciliter notre quotidien : applications de sport et santé, podomètre, météo, transports en temps réel, ou encore carte tiers payant numérique pour les mutuelles. Autant de fonctionnalités dont nous pouvons tirer le meilleur parti, tant que nous n en abusons pas.
- Mars 2023 - 11