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10 - - Octobre 2020
S ADAPTER OU SE TRANSFORMER La crise du Covid-19 que nous venons de traverser nous place désormais devant deux options qui peuvent se combiner : l adaptation et la trans- formation. « Si nous choisissons de nous adap- ter, nous devrons mettre en place des actions préventives, fabriquer et stocker des masques et, bien sûr, renforcer notre autonomie sanitaire et alimentaire. Ainsi, nous traverserons les pro- chaines crises avec moins d écueils. Si nous nous engageons sur le chemin de la transformation de notre système, cela aura un coût et demandera de l énergie, mais nous pourrons nous appuyer sur les principes généraux de la résilience qui font déjà partie de notre société » souligne Raphaël Mathevet. Par exemple, pendant la crise, nous avons vu à quel point Internet nous a été utile pour rester connectés malgré le confinement.
De la même manière, la solidarité vis-à-vis des soignants ou des personnes fragiles, mais aussi entre voisins, ont permis de résister à l isolement. Enfin, la participation citoyenne commence à être désormais prise en compte par les gouvernants, comme vient de le démontrer la Convention ci- toyenne pour le climat, qui a produit 146 propo- sitions, dont certaines vont entrer en application.
La résilience est finalement un message d espoir, car elle est l occasion d augmenter nos capacités d adaptation en arrêtant de nier les causes de la perte de biodiversité ou de la destruction du vivant. « Nous devons reprendre la main sur notre capacité à réorganiser nos vies et à interagir avec le vivant », conclut le chercheur qui s intéresse à l évolution des espèces et à la conservation de la nature. En vertu du concept de biomimétisme, qui s inspire du vivant, c est notamment en comprenant le monde vivant que nous pourrons anticiper ce que sera demain.
a résil ience revêt de multiples dimensions, qui impactent notre vie quotidienne. Elle est d abord collec- tive, en mettant à l épreuve notre capacité à nous réorganiser pour maintenir notre mode de fonctionne- ment et nos structures sociales. Face au changement climatique, elle nous
oblige, en ville surtout, à imaginer de nouvelles manières de lutter contre les îlots de chaleur. À Bordeaux par exemple, on bannit la voiture et on met en place des tramways pour une plus faible empreinte environnementale. La résilience représente une opportunité d observer et de s inspirer de la manière dont notre environnement se régénère, par exemple après un épisode de sécheresse ou un incendie de forêt.
On découvre en effet chaque jour que la sphère écologique est très fortement liée aux activités humaines. C est le concept de solidarité écolo- gique, qu explique Raphaël Mathevet, écologue et géographe, directeur de recherche au Centre d écologie fonctionnelle et évolutive (CEFE) de Montpellier, rattaché au CNRS : « Le monde qui nous entoure fonctionne comme un seul système social et écologique. Au quotidien, chacun de nos choix peut avoir des conséquences à moyen ou à long terme sur notre environnement et sur les autres humains. Nous devons en tenir compte. »
Résilience & Environnement, Penser les changements socio-écologiques, de Raphaël Mathevet et François Bousquet. Buchet-Chastel, Paris, 2014.
À L ORIGINE DU MOT RÉSILIENCE La résilience est un terme emprunté à la langue anglaise, qui veut dire « rebond », ou le fait de rebondir. En latin, il signifie « sauter en arrière ». En sciences, il définit la capacité d un matériau déformé à revenir à sa forme initiale. Dans les années 80 aux États-Unis, puis en Europe, ce terme a été popularisé par les psychologues pour essayer de définir la capacité d un individu à surmonter un traumatisme. Aujourd hui, alors que notre monde devient de plus en plus imprévisible, le terme résilience est utilisé pour étudier les interactions humaines et nos comportements face aux changements. Pour aller plus loin :